Résumé de la visite :

M. Grasso nous explique qu'il est chercheur, c'est à dire que son travail consiste à essayer de comprendre le fonctionnement des séismes dans le but de prévenir les populations. Cependant dans l'état actuel des connaissances, les chercheurs sont incapables de prévoir un séisme avec précision mais ils savent pour quelles raisons ils en sont incapables (un séisme, même de courte durée résulte de modifications du sou-sol qui s'accumulent parfois depuis plusieurs milliers ou millions d'années.

Aujourd'hui le travail du sismologue consiste à prévoir les séismes surtout dans les zones habitées (qui sont quelques fois les plus dangereuses !)

Son travail se divise en trois étapes principales :

Le Laboratoire de Géophysique et Tectonophysique Interne de Grenoble est situé sur le domaine universitaire de Saint-Martin d'Hères.

Plusieurs équipes de chercheurs (géologues, sismologues) travaillent en collaboration sur des thèmes de recherche différents :

Un séisme (ou tremblement de terre) est une rupture brutale et de courte durée de la croûte terrestre. Pour qu'elle puisse se casser la roche doit être dure. Or on constate aujourd'hui que toutes les grandes chaînes de montagnes ont des profils qui se ressemblent. Ces montagnes "s'écrasent" sous l'effet de leur propre masse, elles ne sont pas aussi rigides qu'il n'y parait quand on les observe sur une grande échelle de temps.

La zone qui casse est appelée un faille. Elle correspond au déplacement de deux blocs de roche l'un par rapport à l'autre suite à l'accumulation de contraintes (de compression ou d'extension).
Suite à un séisme, on peut observer des mouvements du sol allant de 2 à 5 mètres de long mais on ne voit jamais de fracture ouverte, les deux blocs de roche qui se déplacent restent en contact l'un avec l'autre.
La cassure entraîne la naissance d'ondes sismiques qui se propagent dans le sol.
On constate aujourd'hui que la nature du sol peut amplifier les ondes sismiques, c'est le cas dans les vallées comme dans la région de Grenoble. Or généralement les vallées sont les zones les plus peuplées donc les zones à risque.
Un tremblement de terre peut être induit par des modifications du paysage par l'Homme : lorsqu'on enlève un poids sur une surface donnée, il s'en suit un nouvel équilibre des contraintes qui peut être à l'origine d'un séisme.

Les normes parasismiques sont des normes de construction à appliquer pour construire des bâtiments résistants (dans une certaine limite) à un séisme. On constate en général qu'au cours d'un séismes, les murs des immeubles ne se cassent pas mais que les dalles des étages tombent les une sur les autres.
Les chercheurs essaient donc d'estimer, par le calcul, les meilleurs modes de construction possibles. Ils doivent lutter contre certaines ondes qui font vibrer le bâtiment entraînent sa déformation.

L'enregistrement des séismes se fait grâce à un sismomètre. Cet appareil est un capteur fixé au sol qui est capable de sentir les vibrations du sol. Le sismomètre est une boîte dans laquelle est suspendu un aimant par l'intermédiaire d'un ressort. L'aimant est entouré par une bobine de fils de cuivre.
Lorsque le sol bouge, la boîte bouge (mais pas l'aimant), le mouvement relatif de l'aimant dans la bobine produit un courant électrique qui est d'autant plus puissant que les vibrations du sol sont fortes.
Ce courant électrique est reçu par un récepteur qui compare les vibrations enregistrées avec des vibrations "témoins" (passage d'un camion, d'un train, ...). Si les vibrations enregistrées n'appartiennent pas aux témoins, l'enregistrement est transmis à une mémoire (comme un disque dur d'ordinateur) qui sera interrogée, à intervalles réguliers, par un ordinateur du LGIT qui se connectera à elle.

Les premiers enregistrements étaient retranscrits sur des feuilles de papier, aujourd'hui ils sont plus rares et sont remplacés par des fichiers informatiques.

Pour que les résultats soient très précis, il y a un grand nombre de capteurs, environ 50 dans les Alpes (appelé "réseau sismalp"). Tous ces capteurs sont reliés au L.G.I.T.

Grâce à tous ces enregistrements, on peut mesurer un séisme. Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de valeurs mesurées lors de séismes.

Magnitude
Longueur de la zone cassée
Longueur du coulissage
Durée du séisme
1
10 mètres
0,001 mm
-
3
100 mètres
quelques mm
-
4
1 km
1 cm
0,3 seconde
6
10 km
20 cm
3 secondes
7
50 km
1 mètres
15 secondes
9
1 000 km
15 mètres
250 secondes

A partir de ces mesures, on peut calculer la MAGNITUDE (donnée par l'échelle de Richter) d'un séisme.

Remarque : lorsqu'on passe d'une unité à un autre sur l'échelle de Richter (de 6 à 7 par exemple), la quantité d'énergie libérée par le séisme est multipliée par 30.

La sismologie est une science relativement jeune, les chercheurs n'ont pas assez de données de terrain pour faire des prévisions très fiables.
D'autre part, ils travaillent sur des phénomènes géologiques, qui même s'il ne durent pas très longtemps (quelques secondes), ont un point de départ qui a pu commencé plusieurs milliers voire millions d'années auparavant.

Aussi, ils utilisent des modèles qui leur permettent de travailler sur des échelles de temps plus courtes.

Actuellement, les chercheurs du LGIT travaillent en collaboration avec des chercheurs qui travaillent sur les glaciers. Ils placent des sismomètres sur les glaciers et peuvent enregistrer plusieurs séismes dans la même journée sur un glacier.
Ils font aussi des manipulations avec des pâtes à modeler spéciales qui sont plus ou moins dures. Ceci leur permet d'analyser des modèles de déformations et de cassures.

<sommaire | page suivante >


Ljz 19/03/01